vendredi 5 septembre 2008

Présentation en Fédération socialiste du Nord (le 4 septembre 2008)

Chers amis, Chers Camarades,

Si nous sommes dans le même parti, si nous formons une même famille, c’est que nous sommes tous d’accord sur les grands discours, sur les grands objectifs.

Personne ici ne veut baisser les salaires, baisser les retraites ou démanteler les services publics. Le problème est donc de dire concrètement, très concrètement, ce que propose le PS sur les salaires, les retraites, la santé, l’éducation, le logement ou l’Europe.

Au niveau local, si nous parvenons à sauvegarder nos positions ou à les améliorer,au niveau national, nous accumulons les défaites, cela n’est en aucun cas la responsabilité de tel ou de telle… Ce sont des défaites collectives, de notre incapacité à débattre, de notre renoncement à réfléchir. C’est parce que depuis quelques années, nous n’apportons plus aucune réponse concrète, sur aucun sujet. Et ce n’est certainement pas les prémices de ce congrès qui vont changer cette réalité et encore moins l’image détestable laissée par l’université de la Rochelle !

Le point de départ de notre contribution Urgence Sociale initiée par Pierre Larrouturou, c’est la gravité de la crise sociale et en particulier le déséquilibre qui se creuse entre ce qui va aux salaires et ce qui va aux bénéfices dans la richesse du pays.

Sur cette courbe, vous voyez que, en 25 ans, la part des salaires dans le PIB a reculé de 11 %. C’est considérable.

Cette année, quelques 200 milliards d’euros vont aller aux bénéfices alors qu’ils iraient aux salariés si on avait gardé l’équilibre qui existait au début des années 80.

Et l’évolution est la même au Japon, en Allemagne et dans tous les pays occidentaux. Ce qui montre que Sarkozy ment quand il dit que les problèmes de pouvoir d’achat viennent des 35 heures.

Ce n’est pas à cause des 35 heures que le pouvoir d’achat stagne. C’est à cause du chômage et de la précarité.

Quand vous avez 3 millions de chômeurs et des millions de précaires, même ceux qui ont un emploi stable sont « tirés vers en bas ». Quand il y a 3 millions de chômeurs, qui peut aller voir son patron pour exiger une augmentation ? Personne !

Voilà pourquoi, à nos yeux, la priorité absolue est de lutter radicalement contre le chômage et la précarité.

Certaines contributions comptent encore et toujours sur le retour de la croissance pour vaincre le chômage. Il y a 30 ans déjà, Raymond Barre expliquait qu’il fallait améliorer la recherche et la formation pour relancer la croissance. Au bout de 30 ans de crise, est-ce qu’on peut encore continuer avec les mêmes analyses et les mêmes discours ?

Quand on voit cette courbe c’est l’évolution de la croissance en France sur les 40 dernières années, on a du mal à croire que la croissance va revenir et va régler tous les problèmes. « Améliorer la recherche et la formation pour relancer la croissance », comme le proposent certaines contributions, vous croyez vraiment que ça peut suffire pour sortir de la crise ?

Le parti doit-il par conséquent attendre la croissance comme on attend Godot ?

Bien sur, il faut investir dans la formation et dans la recherche. Mais il est urgent, ABSOLUMENT URGENT, d’inventer un nouveau contrat social pour lutter contre le chômage et faire remonter les salaires et les retraites.

Loin des vœux pieux que nous entendons depuis plusieurs congrès sans jamais en avoir le début d’une traduction, nous faisons 20 propositions concrètes pour prendre le problème dans sa globalité :

Que peut faire l’Europe pour empêcher le dumping social de la Chine ? C’est l’idée des montants compensatoires sociaux et écologiques.

Que peut faire l’Europe pour empêcher le dumping de la Pologne ou de l’Estonie ? c’est l’idée d’un Traité de convergence sociale que nous avons rédigé avec le soutien de 400 personnalités issues de 9 pays de l’Union.

Que peut faire l’Europe pour investir davantage dans la recherche et l’innovation ? C’est l’idée d’un impôt européen sur les bénéfices…

Trop d’Europe… non l’enjeu est là dès aujourd’hui encore davantage demain et nous devons, par ce que nous sommes profondément européens, enfin accorder une vrai place à la problématique européenne dans nos débats avec la volonté de le faire avec nos partenaires au-delà du seul manifeste que nous exhumons à chaque élection européenne faute de mieux.

Que pouvons-nous faire en France pour tripler le budget du logement ? C’est l’idée d’activer le Fonds de Réserve des Retraites et de l’utiliser pour construire des logements (comme en Hollande) plutôt que de le laisser investi sur des marchés financiers qui menacent de s’effondrer...

De même, nous proposons une nouvelle façon d’aborder la question du temps de travail. L’enquête de l’INSEE qui est sortie cet été montre que la durée réelle du travail en France pour un plein temps est aujourd’hui de 41 heures en moyenne. Sur le temps de travail, la droite et le Medef ont une vraie stratégie. Mais la plupart des dirigeants du PS disent que la question est derrière nous. Pour la plupart de nos leaders le message c’est : nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait mais, maintenant, on parle d’autre chose.

Pour nous, la gauche doit encore parler du temps de travail. Si la durée réelle est à 41 heures et que la plupart des nouveaux emplois que l’on crée sont à 15 heures par semaine, on ne peut pas dire que la question du temps de travail ne se pose plus.

Il faut reparler du temps de travail, mais avec un discours nouveau, une méthode nouvelle et dans une approche globale.

A cette urgence sociale pour l’immense majorité, s’ajoute une autre urgence pour nous socialistes : changer le fonctionnement de notre parti. Ouvrir ses portes, ouvrir ses fenêtres aux citoyens, aux acteurs du mouvement social. Nous sommes tous d’accord sur cette nécessité. Cependant loin des incantations que nous entendons depuis des années, il nous faut passer à l’acte pour qu’enfin nous puissions devenir un parti de masse et faire des propositions concrètes. Nous les avons faites.

- Instauration du mandat unique sans attendre des mesures législatives et limiter dans le temps.
- Limite du poids des élus à 30% dans toutes les instances du parti. Composition de celles-ci sur le principe des élections régionales pour permettre une majorité d’actions.
- Reconnaissance des motions et donc mise à disposition de moyens.
- Utilisation d’Internet comme un outil de structuration du débat, consultation plus régulière des militants par ce biais.
- Réflexion sur de nouvelles formes de militance plus adaptées aux modes de vie actuels.

Je n’ai pas le temps d’approfondir la question des territoires et cette dichotomie grandissante entre les centres urbains et ses périphéries, la montée continue et inquiétante de l’abstention, le vieillissement du parti mais cela ne peut être balayé d’un revers de main, nos victoires ou nos défaites dépendront des réponses que nous serons capables d’apporter.

La gauche, le Parti Socialiste ne pourront revenir au pouvoir que par le haut, par le débat, par une réflexion approfondie sur la société dans sa globalité, dans sa complexité. C’est à nous, socialistes, qu’il revient de donner du sens au concept « politique de civilisation » vidé par Nicolas Sarkozy..

Il faut que je conclue.

Alors, prenez le temps, s’il vous plait, de lire notre texte Urgence Sociale qui détaille l’ensemble de nos propositions ou sur le site nouvellegauche.fr

MERCI

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je ne voudrais déranger mais il me semble qu'il y a une erreur dans le bandeau du titre... C'est Pierre La...tutou ou turou ?

Anonyme a dit…

Merci Monsieur pas perdus :)