mardi 16 septembre 2008

Nouvelle Gauche déposera une motion.

On y arrive, le dépôt des motions - sur lesquelles les militants s’exprimeront - est prévu pour le 23 septembre. Avant cela, il y a eu des discussions de forme plus que de fond. Celles-ci se sont faites dans un monde abstrait loin des viles contingences de l’économie mondiale, d’une Union Européenne en mal d’existence politique faute d’accord minimale sur l’essentiel.

Depuis juillet, on a entendu certains militants, certains dirigeants nous dirent en aparté, « oui Pierre Larrouturou apporte des éléments… mais… l’important n’est pas là et puis c’est trop compliqué à expliquer aux militants, aux français».

Nouvelle Gauche au cours de ces dernières semaines a mis en avant non pas l’intégralité de son texte mais deux points majeurs : L’Europe dans la perspective des élections européenne de 2009 et la démocratie interne.

Sur le premier point, l’idée est de réunir durant 3 semaines l’ensemble des partis sociaux démocrates et de se mettre d’accord sur une plateforme programmatique pour la prochaine législature qui va au-delà du seul manifeste, pour le présenter aux citoyens européens. Impensable…
Le traité social européen existe et à l’époque il avait été signé par Geremek, Delors, Crespo, Gutteres… Pourquoi ce qui a été possible, il y a 5 ans, ne le serait-il plus aujourd’hui.

Ces élections vont constituer un enjeu important, elles seront également un test sur la crédibilité du Parti Socialiste et à cette heure, le risque est grand d’assister à une nouvelle déconvenue. Les Verts semblent se mettre en ordre de marche en dépassant leurs querelles byzantines, le MoDem parvient à attirer des « figures antisarkozistes», le ralliement de Fred Vargas (soutien indéfectible de Battisti) n’en est pas le moins symbolique.

Dans ce contexte, les alliances éléphantesques faites et défaites en quelques heures risquent de laisser l’électeur de gauche circonspect. Et, il n’est pas certain que la reconduction d’un « hollandisme » sans François Hollande redonne un quelconque espoir sur la capacité du PS à sortir de son immobilisme. Et il n’est pas non plus évident que l’attelage improbable porté par Martine Aubry puisse engager une dynamique d’ouverture vis-à-vis de la « vraie vie » et des citoyens.

Oui le PS paye, et ses militants aussi, le crachin de La Rochelle. Et si incontestablement, une partie des journalistes porte la responsabilité de ses images sans fond, la majorité de nos leaders ont aidé à alimenter celles-ci, à défaut d’alimenter le débat
dans les ateliers. (dernier exemple en date, Arnaud écrit à Pierre et Martine...).

A travers sa contribution Urgence Sociale, Nouvelle Gauche a fourni des outils, des analyses, des propositions économiques. Sans prétendre détenir une quelconque vérité, il y avait pourtant matière à étayer une réflexion commune, à débattre au-delà de savoir qui va avec qui et pour combien de temps.

De même, nous portons quelques idées, quelques problématiques en matière de rénovation de pratiques militantes… Ont-elles été discutées au-delà du seul « tout le monde est d’accord ». Tout le monde est d’accord mais sur quoi ?

Quel sens, quelle direction donner au vide dans ce domaine où on continue de se contenter de vagues constats ou de reprendre des propositions faites lors de congrès antérieurs, sans jamais se fixer des objectifs, des échéances.

Voilà les quelques raisons qui ont poussé
Nouvelle Gauche à déposer devant les militants une motion « Urgence Sociale, imposons le sursaut » pour qu’enfin ce parti se remette au travail durablement et dans la sérénité.

L’enjeu n’est pas de savoir qui sera le 1er Secrétaire ou le prochain présidentiable avant le suivant mais bien de bâtir un projet de société, cohérent capable de répondre à la complexité de notre époque en proie à l’incertitude sauf pour quelques uns.

vendredi 5 septembre 2008

Présentation en Fédération socialiste du Nord (le 4 septembre 2008)

Chers amis, Chers Camarades,

Si nous sommes dans le même parti, si nous formons une même famille, c’est que nous sommes tous d’accord sur les grands discours, sur les grands objectifs.

Personne ici ne veut baisser les salaires, baisser les retraites ou démanteler les services publics. Le problème est donc de dire concrètement, très concrètement, ce que propose le PS sur les salaires, les retraites, la santé, l’éducation, le logement ou l’Europe.

Au niveau local, si nous parvenons à sauvegarder nos positions ou à les améliorer,au niveau national, nous accumulons les défaites, cela n’est en aucun cas la responsabilité de tel ou de telle… Ce sont des défaites collectives, de notre incapacité à débattre, de notre renoncement à réfléchir. C’est parce que depuis quelques années, nous n’apportons plus aucune réponse concrète, sur aucun sujet. Et ce n’est certainement pas les prémices de ce congrès qui vont changer cette réalité et encore moins l’image détestable laissée par l’université de la Rochelle !

Le point de départ de notre contribution Urgence Sociale initiée par Pierre Larrouturou, c’est la gravité de la crise sociale et en particulier le déséquilibre qui se creuse entre ce qui va aux salaires et ce qui va aux bénéfices dans la richesse du pays.

Sur cette courbe, vous voyez que, en 25 ans, la part des salaires dans le PIB a reculé de 11 %. C’est considérable.

Cette année, quelques 200 milliards d’euros vont aller aux bénéfices alors qu’ils iraient aux salariés si on avait gardé l’équilibre qui existait au début des années 80.

Et l’évolution est la même au Japon, en Allemagne et dans tous les pays occidentaux. Ce qui montre que Sarkozy ment quand il dit que les problèmes de pouvoir d’achat viennent des 35 heures.

Ce n’est pas à cause des 35 heures que le pouvoir d’achat stagne. C’est à cause du chômage et de la précarité.

Quand vous avez 3 millions de chômeurs et des millions de précaires, même ceux qui ont un emploi stable sont « tirés vers en bas ». Quand il y a 3 millions de chômeurs, qui peut aller voir son patron pour exiger une augmentation ? Personne !

Voilà pourquoi, à nos yeux, la priorité absolue est de lutter radicalement contre le chômage et la précarité.

Certaines contributions comptent encore et toujours sur le retour de la croissance pour vaincre le chômage. Il y a 30 ans déjà, Raymond Barre expliquait qu’il fallait améliorer la recherche et la formation pour relancer la croissance. Au bout de 30 ans de crise, est-ce qu’on peut encore continuer avec les mêmes analyses et les mêmes discours ?

Quand on voit cette courbe c’est l’évolution de la croissance en France sur les 40 dernières années, on a du mal à croire que la croissance va revenir et va régler tous les problèmes. « Améliorer la recherche et la formation pour relancer la croissance », comme le proposent certaines contributions, vous croyez vraiment que ça peut suffire pour sortir de la crise ?

Le parti doit-il par conséquent attendre la croissance comme on attend Godot ?

Bien sur, il faut investir dans la formation et dans la recherche. Mais il est urgent, ABSOLUMENT URGENT, d’inventer un nouveau contrat social pour lutter contre le chômage et faire remonter les salaires et les retraites.

Loin des vœux pieux que nous entendons depuis plusieurs congrès sans jamais en avoir le début d’une traduction, nous faisons 20 propositions concrètes pour prendre le problème dans sa globalité :

Que peut faire l’Europe pour empêcher le dumping social de la Chine ? C’est l’idée des montants compensatoires sociaux et écologiques.

Que peut faire l’Europe pour empêcher le dumping de la Pologne ou de l’Estonie ? c’est l’idée d’un Traité de convergence sociale que nous avons rédigé avec le soutien de 400 personnalités issues de 9 pays de l’Union.

Que peut faire l’Europe pour investir davantage dans la recherche et l’innovation ? C’est l’idée d’un impôt européen sur les bénéfices…

Trop d’Europe… non l’enjeu est là dès aujourd’hui encore davantage demain et nous devons, par ce que nous sommes profondément européens, enfin accorder une vrai place à la problématique européenne dans nos débats avec la volonté de le faire avec nos partenaires au-delà du seul manifeste que nous exhumons à chaque élection européenne faute de mieux.

Que pouvons-nous faire en France pour tripler le budget du logement ? C’est l’idée d’activer le Fonds de Réserve des Retraites et de l’utiliser pour construire des logements (comme en Hollande) plutôt que de le laisser investi sur des marchés financiers qui menacent de s’effondrer...

De même, nous proposons une nouvelle façon d’aborder la question du temps de travail. L’enquête de l’INSEE qui est sortie cet été montre que la durée réelle du travail en France pour un plein temps est aujourd’hui de 41 heures en moyenne. Sur le temps de travail, la droite et le Medef ont une vraie stratégie. Mais la plupart des dirigeants du PS disent que la question est derrière nous. Pour la plupart de nos leaders le message c’est : nous pouvons être fiers de ce que nous avons fait mais, maintenant, on parle d’autre chose.

Pour nous, la gauche doit encore parler du temps de travail. Si la durée réelle est à 41 heures et que la plupart des nouveaux emplois que l’on crée sont à 15 heures par semaine, on ne peut pas dire que la question du temps de travail ne se pose plus.

Il faut reparler du temps de travail, mais avec un discours nouveau, une méthode nouvelle et dans une approche globale.

A cette urgence sociale pour l’immense majorité, s’ajoute une autre urgence pour nous socialistes : changer le fonctionnement de notre parti. Ouvrir ses portes, ouvrir ses fenêtres aux citoyens, aux acteurs du mouvement social. Nous sommes tous d’accord sur cette nécessité. Cependant loin des incantations que nous entendons depuis des années, il nous faut passer à l’acte pour qu’enfin nous puissions devenir un parti de masse et faire des propositions concrètes. Nous les avons faites.

- Instauration du mandat unique sans attendre des mesures législatives et limiter dans le temps.
- Limite du poids des élus à 30% dans toutes les instances du parti. Composition de celles-ci sur le principe des élections régionales pour permettre une majorité d’actions.
- Reconnaissance des motions et donc mise à disposition de moyens.
- Utilisation d’Internet comme un outil de structuration du débat, consultation plus régulière des militants par ce biais.
- Réflexion sur de nouvelles formes de militance plus adaptées aux modes de vie actuels.

Je n’ai pas le temps d’approfondir la question des territoires et cette dichotomie grandissante entre les centres urbains et ses périphéries, la montée continue et inquiétante de l’abstention, le vieillissement du parti mais cela ne peut être balayé d’un revers de main, nos victoires ou nos défaites dépendront des réponses que nous serons capables d’apporter.

La gauche, le Parti Socialiste ne pourront revenir au pouvoir que par le haut, par le débat, par une réflexion approfondie sur la société dans sa globalité, dans sa complexité. C’est à nous, socialistes, qu’il revient de donner du sens au concept « politique de civilisation » vidé par Nicolas Sarkozy..

Il faut que je conclue.

Alors, prenez le temps, s’il vous plait, de lire notre texte Urgence Sociale qui détaille l’ensemble de nos propositions ou sur le site nouvellegauche.fr

MERCI